Henri Rivière
Après s'être longtemps exercé à dessiner et à peindre sur la Butte ou d'après des reproductions de magazines, il fit son apprentissage d'artiste auprès d'Emil Bin .
Ce peintre tenait une académie libre, fréquentée également par Signac. Rivière partagea avec Signac son premier atelier et c'est avec lui qu'il fut introduit au Chat Noir , célèbre cabaret montmartrois. Il fut nommé secrétaire de rédaction du journal homonyme. C'est a cette période que Rivière,avec d'autres artistes , commença à se familiariser avec les illustrations narratives .
Mais son goût pour la narration visuelle trouva son réél épanouissement lorsqu'il fut nommé en 1886 directeur du Théâtre d'Ombres du Chat Noir. Rivière déploya pour cette mission , l'inventivité dont il devait bientôt faire preuve dans ses recherches de graveur.
En 1882 , Rivière commença à graver à l'eau-forte rehaussée de pointe sèche.
Influencé comme beaucoup d'artistes par la gravure sur bois et s'inscrivant dans un mouvement qu'avaient initié avant lui Auguste Lepère, Emile Bernard ou Félix Vallotton, Rivière s'affirma dans la création d'estampes en couleurs.
Il étudia les techniques des bois gravés japonais qui stimulaient toujours sa curiosité.
Il invente de nouvelles estampes polychromes ayant pour thème les paysages des différents voyages qu'il fit en Bretagne et adopte un monogramme rappelant le cachet rouge des artistes nippons. Cette imprégnation marquera l'ensemble de son œuvre gravé et perdurera dans son œuvre lithographique .
Après 1894, Rivière adopte la lithographie comme technique de prédilection qui lui permettait une capacité de tirages à plus grand nombre d'exemplaires.
A coté d'aquarelles d'un réalisme puissant , il créa donc lui-même , plus de soixante estampes en couleurs. Il y fit preuve de qualité de coloriste tout à fait remarquable. Dans ce nombre figurent les séries des Paysages bretons
(1894, Ciels de Bretagne, Aspects de la nature (1897), La Seine, Trente-six vues de la Tour Eiffel(1902), Paysages parisiens, Le Beau Pays de Bretagne, Au vent de Noroit.
La Bretagne, Rivière l'avait découverte en compagnie de son frère Jules au cours de vacances passées à Saint-Briac, sur le conseil de Signac. Il revint ensuite tous les ans en Bretagne avec son épouse Eugénie, à Saint-Briac, à Saint-Cast, Perros-Guirec ou Loguivy-de-la-Meret la Cornouaille Finisterienne , à Tréboul , Camaret et Morgat, Locronan , Pont-Aven , Loctudy, Sainte-Anne la Palud. A l'inverse de beaucoup de ses contemporains, Rivière ne s'attacha pas à l'exceptionnel de la fête et de l'apparat et la figure des hommes ne fut pas au centre de ses représentations. Il s'attache d'avantage à l'étude des paysages et de la nature dans toute sa splendeur.
Ainsi, comme le notait Claude-Roger Marx, Rivière fit de la Bretagne, « comme une dépendance des archipels nippons ». Au-delà de techniques, de choix de composition et d'un vocabulaire graphique, le sentiment de la nature qu'exalte l'oeuvre tout entier de Rivière rejoint le lyrisme serein du paysage oriental. Les estampes du Japon, celles de Rivière ou ses centaines d'aquarelles traduisent la même admiration pour l'éternel recommencement des choses et des gestes, et l'emerveillement de trouver réunis, en quelques lieux inlassablement contemplés, les arcanes de la beauté et de l'équilibre du monde.
Texte tiré de La Bretagne de Henri Rivière Philippe Le Stum, Editions Langlaude.
œuvres de l'artiste